Ghost me prit dans ses bras et m’intima posément, presque avec une certaine tendresse, de me calmer. Je le lâchai et le regardai avec un grand sérieux que contredisaient sûrement les larmes qui coulaient toujours sur mes joues.

- Si tu refais un truc aussi con, je te jure que je te tue moi-même, fis-je sur un ton acide.

Puis je me tournai vers Josh et m’approchai de lui en essuyant mes larmes. Il me dit qu’il retournait à la station. J’acquiesçai, lui confirmant que son idée n’était pas mauvaise. Crystal venait de revenir dans le bus par le trou du toit. Je l’accueillis avec un grand sourire et la remerciai pour son efficacité. Elle me fixa un moment, sûrement alertée par mes yeux rouges. Elle baissa les siens vers Ghost et je lui fis signe de le laisser tranquille pour le moment. Vu qu’il était mieux allongé qu’assis, je le laissai là et allai m’asseoir vers l’arrière. Je fermai les yeux et tentai de me calmer. J’avais les nerfs en pelotte. Fermer les yeux et essayer de dormir ne menant à rien, j’observai le paysage qui défilait. De temps en temps, nous croisions des voitures arrêtées sur le bas-côté.

Quand nous arrivâmes enfin à la station, je sortis et entrai dans la boutique, arc à la main. Aucun zombie n’était entré, nous avions bien barricadé les issues. Je revins sur le parking. Josh avait fait le tour du bâtiment et Crystal était restée près du bus, au cas où. Je lui demandai d’installer nos sacs de couchage dans le bâtiment et intimai à Josh d’aider Ghost à aller à l’intérieur et de l’allonger sur une des couches. Je m’emparai du sac de premier secours et me rendis à son chevet. Josh se proposa de lui-même pour monter la garde dehors, je hochai la tête en demandant à Crystal de rester au cas où.

Je levai précautionneusement la jambe du blessé et relevai la manche de son pantalon. La cheville m’apparue enflée et étrangement sombre. Je grimaçai. Ce n’était pas beau à voir… Je pris une bande dans le sac de premier secours, ainsi qu’une attelle et du sparadrap et commençai à bander la blessure le plus correctement possible, y installant l’attelle du mieux que je pouvais et fini par attacher le tout avec du sparadrap. Je ne pouvais rien faire de plus. Je regardai le résultat, peu convaincue et demandai à Crystal de le refaire un peu mieux, vu que je n’étais pas franchement douée pour ça. En même temps j’étais fatiguée, énervée et je tremblais encore de la frayeur que j’avais eu à Covington. Je m’éloignai, laissant Ghost entre les mains de Crystal. Je me lavai les mains aux lavabos des toilettes et sortis tenir un peu compagnie à Josh. Mais je n’étais pas vraiment d’humeur bavarde.
Mon arc en main, je fis une ronde assez étendue, abattis quelques rôdeurs avant de retourner à la station.
Crystal discutait avec Josh sur le parking quand je revins vers eux.
Elle m’indiqua que l’homme dormait. Je hochai la tête sans répondre et entrai dans la boutique, silencieusement. Je préparai mon sac de couchage, enlevai mon holster, mon étui à couteau, mon arc et mon carquois et posai l’arsenal à proximité de mon sac. Je me couchai dedans sans un regard pour Ghost, encore tremblante.

Ce qui m'avait plus dans ma bêtise du jour, c'est que j'avais vécu le moment avec beaucoup d'adrénaline. J'adore ce truc. Certes si le reste de mon équipe ne serait pas arrivé, je serais sûrement mort mais à quoi bon risquer leurs vie pour moi ? Si je meurs pas aujourd'hui, je crèverais demain ou dans quelques jours, ça revient au même, ce n'est qu'un gain de temps et puis quelqu'un prendra la relève du bus et trouvera peut-être un moyen de s'en sortir. En tout cas aujourd'hui j'ai remarqué une bonne chose. C'est que les membres de mon clan sont restées soudées coûte que coûte. Ils ont risqués leurs vies pour moi. C'est peut-être aussi pour ça que j'ai sauté. Pour voir leurs réactions. Voir s'ils me voyaient comme un véritable chef, un guide. Pourtant je n'ai rien de spécial et je ne sais rien de plus par rapport à eux. Je suis un survivant, comme tout le monde. Comme quoi l'esprit d'équipe..

Bref, l'autocar venait de s'arrêter. Josh m'avait aider à me diriger jusqu'à la boutique. Au départ j'essayais de poser ma jambe au sol, mais je ne pouvais pas m'appuyer dessus. Je me tenais donc à l'épaule de Josh et il allait doucement, à cloche pied. Je me suis allongé sur mon sac de couchage et Lou vint me faire ce que y'avait à faire par rapport à ma blessure. Je voyais rien de ce qui se passait, j'étais allongé, je sais juste qu'ensuite Crystal est venue et à modifiée un truc sur mes bandages. Je pensais à tout, et à rien en même temps. Au bout d'une quinzaine de minutes, je me suis endormit.

Quand j'ai ouvert les yeux, la soirée commençait à tomber. J'ai du dormir un bon paquet de temps. Je me suis placé en position assise et regardait les alentours. Personne. Ils devaient pas être bien loin. Je me levais sur une jambe et me collais au mur, pour me lever avec faciliter. J'avais assez dormit, fallait que je bouge. Marre de rester à rien faire, fallait que je prenne l'air.

Je suis donc sortit de la station, à cloche pied, et suis allé comme ça, jusqu'au coffre du bus. J'ai ouvert le coffre et me suis assis par terre, de tel sorte à ce que je sois bien positionné et à ce que je puisse me servir dans le coffre. J'ai sortit une boite de cartouche et commençait à en mettre quelques unes dans mes poches. J'en ai d'ailleurs profité pour recharger mon fusil à pompe et l'ai posé à côté de moi. J'ai ensuite sortit mon chiffon et ma machette. Même si je ne l'avais pas utilisée, je l'essuyais quand même, par pure manie.

Je regardais les nuages, tout en essuyant la lame de mon arme. Je me posai aucune question, je ne pensais à rien. Je n'étais pas heureux de ce que j'avais fais aujourd'hui mais n'était pas mécontent non plus. Je restais neutre là dessus. J'entendais des pas, s'approcher de moi. Je ne pouvais pas voir qui c'était puisque la personne ou la chose, se trouvait derrière le bus. C'était soit un membre de l'équipe, soit un rôdeur. De toute manière même étant assis par terre je pourrais facilement tuer un rôdeur, du moment que j'ai ma machette sur moi, tout allait bien..

Quelques heures à somnoler, c’est tout ce que je pouvais faire. J’entendis Crystal aller se coucher, laissant Josh seul dehors. N’arrivant pas à fermer l’œil, je me levai en reprenant mon arsenal et sortis dans la fraîcheur de la nuit. J’indiquai à Josh qu’il pouvait aller dormir si il le voulait, vu que je n’arrivais pas à dormir, je pouvais aisément prendre sa place. Il ne se fit pas prier. Je montai sur le toit de la station, après avoir chipé un sandwich dans la boutique. La nuit s’annonçait encore plus calme que la précédente. Je regardais de temps en temps vers l’arrière, de temps en temps vers l’avant. Le bruit d’une démarche irrégulière capta mon attention vers l’avant. Je me précipitai pour voir, flèche encochée. Un zombie s’approchait d’une silhouette assise à côté du bus. Vu la lenteur des gestes de la silhouettes, j’optai pour Ghost. Je tirai sans hésiter en voyant le zombie se rapprocher dangereusement. Je l’atteignis en pleine tête et il s’écrasa avec un bruit sourd et mou sur l’asphalte du parking. Je descendis l’échelle, contournai le bâtiment et allai vers Ghost. Je récupérai ma flèche en passant.

Je me mis face à Ghost et m’agenouillai. Je le regardai avec neutralité. Ni hostile, ni amicale. Et lui parlai sur un ton froid.

- T’as besoin de repos pour guérir. Retourne à l’intérieur, tu y seras plus en sécurité.

Je me détournai brusquement, un bruit un peu plus loin ayant capté mon attention. Un cadavre arrivait, gémissant. Je lui tirai une flèche et il s’écrasa dans une plainte aigue mais sourde. Je récupérai ma flèche encore une fois, vérifiai l’état de la pointe et des plumes et l’encochai de nouveau avant de me tourner vers l’homme blessé.

- J’ai pris ma décision. Dès que tu iras mieux, je partirai. Je me débrouillerai seule comme je l’ai fait jusque-là.

Je ne cherchai pas à me justifier. Mes raisons étaient bonnes et j’y avais réfléchi pendant un bon bout de temps. Ma décision était sans appel, surtout que j’avais décrété voilà des mois que je ne pouvais compter que sur moi-même. Compter sur les autres revenait à se fourrer dans des guêpiers dont il était impossible de se sortir… J’en avais eu la preuve un peu plus tôt dans la journée. Mais il n'y avait pas que ça...

Après un dernier regard froid, je me détournai de lui et allai faire une ronde étendue autour de la station en ne la quittant pas du regard. Je me dégourdis ainsi les jambes et pouvais échapper à l’estropié qui ne pouvait de toute évidence pas me suivre vu l’état de sa jambe…

Les pas s'approchant, c'était bel et bien un rôdeur. Cet idiot avait la mâchoire déboîtée, je me demande comment est-ce qu'il comptait me bouffer. Pendant qu'il approchait, je pointait ma lame vers lui. Je venais d'essuyer mon arme pour rien m'enfin, tant pis. J'allais quand même pas le laisser me bouffer la gueule tout ça parce que je venais d'essuyer mon arme. Il fit encore deux ou trois et s'est mangé une flèche dans la tête. Lou. Ça ne pouvait être qu'elle.

Je la voyait se rapprocher, et elle vint récupérer sa flèche. Elle s'est ensuite approchée de moi et s'est agenouillée, le regard, vide. Elle disait que j'avais besoin de repos, et tout le tralalaa qui allait avec. Je savais ce que j'avais à faire, et je savais de quoi j'avais besoin.

• J'ai pas besoin de repos.

C'était vrai après tout. Je venais de passer ma journée à dormir, je voulais m'activer, faire un truc, me changer les idées. Marre de jouer les dormeurs. Un autre cadavre arrivait derrière Lou. Je comptait là prévenir, mais elle l'avait déjà remarquée et venait de lui envoyer une flèche en pleine face.

Elle parti la récupérer et revint me voir à nouveau. Elle venait de prendre sa décision. Elle voulait se tirer lorsque je serais guérit. Elle comptait se débrouiller seule, comme elle l'avait fait jusque là. Je ne m'y suis pas opposé. Si tel était son choix, j'allais quand même pas lui couper les jambes et la forcer à rester. Mais de nos jours, chaque choix est très important, chaque action est très importante et chaque parole est importante. On ne vit plus dans le même monde qu'avant. On vit dans l'apocalypse.

• Si c'est ton choix.. Si c'est ce que tu veux réellement.. Si ce que tu veux c'est continuer à vivre sauvagement.. Et si tu pense que seule tu t'en tirera mieux qu'en groupe.. Si telle est ta volonté. Je ne m'y opposerai pas.

Dans ma tête, je m'y opposais clairement. Lou était un membre précieux dans mon équipe. Une perle rare comme je l'avais dit. Mais dans touts les cas, même si j'essayais de m'y opposer, je n'arriverais à rien avec ma jambe en moins. C'est une solitaire et il est vrai que lorsque l'on vit seul, c'est difficile d'accéder à un groupe et s'y faire facilement. C'est difficile de reprendre ses habitudes "humaines". Dans touts les cas, en groupe ou en solo on finira tous par crever, mais ça je ne voulais pas l'annoncer à l'équipe car ils comptent sur moi, je suis un guide, un espoir pour eux, j'ai pas le droit de les décevoir. Même si à mon avis, j'avais aujourd'hui réussit à décevoir Lou. Chacun réalise ses propres choix, après tout c'est un peu chacun son cul depuis l'infection. Alors si ce qu'elle voulait réellement c'était nous quitter et reprendre sa route..

Le cercle que je dessinai autour de la station était vraiment très long. Vraiment trop long. Je n’avais nullement besoin d’en faire un aussi grand mais j’avais besoin de me changer les idées.
Je n’arrêtais pas de réfléchir. Mon cerveau bouillonnait. En un sens ce qui s’était passé plus tôt dans la journée me donnait envie de partir. Mais d’un autre côté si je n’avais pas été là Ghost serait probablement mort. Que je soit là ou pas, de toute manière chacun des membres du groupe y aurait laissé sa peau un jour l’autre…
J’avais l’impression d’être une girouette, seulement ma décision était prise. Je n’avais pas besoin d’eux, et m’attacher à eux était la dernière chose à faire. Même si j’avais conscience que je m’étais déjà attachée un minimum… On s’attachait drôlement vite aux survivants depuis la fin du monde tel que nous le connaissions… Affronter des hordes de cadavres cannibales forgeait des liens, ça c’était une certitude.
Mais s’attacher était définitivement une mauvaise idée. C’était cette pensée qui me revenait sans cesse.
La solitude me pesait terriblement… j’avais envie de rester avec eux. Mais si je restai, et que l’un d’entre eux venait à mourir, je recommencerais exactement le genre de dépression qui avait bien failli avoir ma peau au tout début de l’épidémie.

Je revins finalement sur le parking, lassée de mon manège. J’ignorais où était parti Ghost, mais j’espérais qu’il était retourné se coucher bien sagement sur son sac de couchage. La nuit était calme, un peu trop à mon goût.
J’aurais bien pris une douche pour me détendre. Je m’adossai à la vitrine de la station, solidement renforcée à l’intérieur par des planches.
Je levai les yeux vers le ciel, enfin dégagé. Le premier ciel dégagé depuis une semaine complète. La lune offrait une grande clarté et me permettait de voir presque aussi bien qu’en plein jour. Pas de bruit. Je n’avais pas pris le temps d’étaler des brindilles sur le sol pour être avertie de la venue d’éventuels rôdeurs, mais j’avais appris à plus me fier à mes sens.
Je croisais les jambes et réajustai ma protection à l’avant-bras. Celle qui permettait d’éviter le frottement de la corde contre ma peau quand je tirais. Je poussai un long soupire après avoir inhalé le parfum de la nuit. Si j’étais restée seule dans ma grotte, j’aurais pu continuer à dormir.

« Si ce que tu veux c'est continuer à vivre sauvagement.. »

Ces paroles me revinrent en mémoire… Etais-je une sauvage ? Est-ce ainsi qu’il m’avait vue lors de notre première rencontre ? J’étais peut être une sauvage mais au moins j’étais capable de me débrouiller.
Je me renfrognai. La mauvaise humeur me gagnait. Si lui aussi avait passé autant de temps à vivre comme je l’avais fait, j’étais persuadée qu’il aurait été beaucoup moins sympa que maintenant… Et certainement bien moins que je ne l’étais.

Marre de rester assis contre l'autocar à rien faire. La soirée s'annonçait calme. Je n'avais plus qu'à dormir, c'était clair. Je me suis appuyé contre la parois de l'autocar et me relevais doucement. Lou quant à elle, était partie faire une ronde, où je ne sais quoi.

J'ai avancé à cloche pied jusqu'à la boutique de la station. Je me suis posé sur le sac de couchage, et essayait de m'endormir. J'essayais de repenser à tout ce qui venais de se passer aujourd'hui. J'avais bien merdé. Sûrement à cause de la colère, à cause de cette infime chance de survie que nous avons. Je repensais à tout ça et.. Plus rien. Je m'étais endormis.

Le lendemain matin j'étais le premier réveillé. Je me suis donc levé en faisant attention à m jambe, car j'avais toujours mal. Je me suis dirigé vers un rayon de bouffe et me suis servit. J'ai prit une autre bouteille de jus d'orange et commençais à boire. Ça faisais vraiment du bien. J'ai fait des petits saut ensuite, quand je voyais Lou se réveiller. Je me suis placé en face de son sac de couchage, et la regardais. Elle avait l'air à moitié réveillée, à moitié triste, ou neutre. Je savais pas trop.

• Je m'excuse pour tout ce que j'ai pu dire et faire hier.. Simple pétage de plombs.

C'était vrai. La journée précédente j'était vraiment énervé. Et pour couronner le tout, j'avais extrêmement mal au crâne. C'est peut être pour ça que j'avais voulu en finir ou.. Je sais pas. Mais j'avais en tout cas remarqué que mon équipe comptait réellement sur moi. Du moins, jusqu'à ce que que Lou me dise qu'elle voulait nous quitter dès que je serais rétablis. Je n'ai certes pas vraiment essayé de la convaincre de rester, mais je le pensais réellement. Sauf que dans ce monde d'apocalypse, chaque choix est personnelle. Je n'y peux rien, je ne vais pas la contredire ou l'arrêter.

Je suis donc sortit de la boutique, la bouteille à la main et toujours à cloche pieds. Je suis aller jusqu'à la table de pic-nic et m'y suis assis. Aucun rôdeur dans les parages. Et tant mieux. Je voulais rapidement que ma jambe se guérisse. Pas pour que Lou s'en aille, mais pour qu'on puisse continuer notre route tranquillement.

Dans mon état actuel, j'étais un véritable handicap pour l'équipe. Je ne pouvais pas me déplacer rapidement mais pouvais me défendre, c'était déjà ça. J'ai bu une gorgée de jus d'orange et j'ai posé la bouteille sur la table. J'avais posé ma jambe sur le banc, de sorte à ce qu'elle soit tendue. Le vent soufflait légèrement. Mes pensées.. Toujours aussi vides.. Des questions, sans réponses..

Rien de rien. Pas de bruit, pas de mouvement. Je n’avais croisé que trois ou quatre zombies en tout et pour tout et aucun n’avais paru vouloir venir nous bouffer. Je regardai la chemise puante que j’avais clouée à la façade. J’étouffai un bâillement, et décidai d’aller dormir. Au moindre bruit j’avais conscience que je me réveillerai. J’entrai dans la boutique de la station, silencieusement pour ne réveiller personne. Ghost dormait paisiblement sur sa couche. Je m’installai sur la mienne, me débarrassai de mon arsenal, de mes bottes et m’allongeai enfin. Ça faisait trop longtemps que je n’avais pas dormi convenablement…

Non seulement j’eus du mal à m’endormir parce que je réfléchissais encore à trop de choses, mais en plus de ça mes songes ne furent pas vraiment paisibles et j’eus un sommeil plutôt agité. Je m’en rendis compte le matin en me réveillant. Mon sac de couchage était complètement défait et j’avais saisi mon arc durant la nuit. Un mouvement non loin de moi me réveilla. Je m’assis sur ma couche et observai, encore un peu endormie mais alerte, ce qui m’avais tirée du lit. Je ne vis rien, mais j’entendais quelqu’un s’amuser à sautiller et à farfouiller sur les rayons… Ghost apparut et s’approcha de moi, il me regarda et parla à voix basse :

- Je m'excuse pour tout ce que j'ai pu dire et faire hier.. Simple pétage de plombs.

Je hochai la tête sans mot dire et il s’en alla en silence. Il disparut derrière les étagères et sortit.
Je poussai un soupire et me levai. Je refis un peu mon sac de couchage et repris mon arsenal. Je remis mes bottes, arrangeai un peu mes cheveux et parcourut les rayons pour trouver une boite de biscuits pas trop périmés et suivis mon compagnon dehors, en silence pour ne pas réveiller les deux autres.

J’observai les alentours, toujours aussi calmes et rejoignis Ghost à la table de pique-nique. Je m’y assis et le contemplai, silencieuse, en entamant mon petit déjeuner.
Au bout d’un moment j’ouvris la bouche.

- Je suis désolée. De t’avoir giflé. Je recommencerai pas.

Je posai le gâteau que j’étais en train de grignoter. Finalement, je n’avais pas grand faim.

- Écoute… J’ai perdu tous mes proches. Tous. Comme vous. J’ai pris conscience que faire partie intégrante d’un groupe ça veut dire être soudés les uns aux autres et forcément s’attacher. Je…

Je pinçai les lèvres, baissai les yeux. J’étais nerveuse.
Après un soupire, je continuai néanmoins.

- Je veux pas revoir mourir les gens que j’aime.

Bon, ça, c’était fait. Il le prendrait comme il voulait. Je laissai la boîte de biscuit sur la table et me levai.

- Mais si tu refais un truc pareil, je t’assure que cette fois je te tue et je m’assure que tu reviennes pas.

Je retournai ensuite à l’intérieur de la station et prit la direction des douches.

J'étais assis, en train de finir mon petit déjeuner quand Lou vint me rejoindre. Elle s'excusa de m'avoir giflé, et me raconta pour la première fois, quelques passages de son passé. Comme tout le monde, elle avait perdu des proches, c'est vrai. Elle me disait que si un jour je retentais un truc pareil, elle me tuerai cette fois-ci. Je pouvais bien la comprendre. Mais en disant cette phrase, elle disait aussi qu'au final, elle ne partait pas, et resterai avec nous. Du moins c'est ce que je compris. Je n'avais répondu à aucune de ses paroles, et je l'ai laissé repartir vers la station.

J'étais toujours assis à cette table, la jambe posée sur le banc. J'ai repensé à ma bêtise du jour précédent, et remarquais une nouvelle fois que les membres de l'équipe avaient parfaitement compris, ce qu'était l'esprit d'équipe. Ils avaient risqués leurs vies et ont agit comme une équipe, tout ça pour me sauver. Comme quoi, la devise de mon clan avait été comprise. On marche ensemble, on crève ensemble. C'est pas plus compliqué. On ne laissera jamais tomber l'un d'entre nous, du moins, c'est comme ça que MOI je voyais les choses.

Il était temps pour moi d'aller prendre une bonne douche, c'est d'ailleurs ce qu'avait sûrement du faire Lou, en quittant la table. Aucun rôdeurs dans les alentours, j'ai voulu donc faire de même. Je me suis levé et j'ai rejoint à cloche pieds, les toilettes pour hommes.

En arrivant au toilettes, j'ai immédiatement rejoint les douches, et j'ai ouvert le robinet. Sentant une nouvelle fois le bonheur de l'eau et du gel douche. J'adorais cette sensation, mais ne vouait pas rester longtemps dans les douches. Je ne voulais pas priver ce bonheur à Josh, je devais en laisser un peu pour lui aussi. Après tout, c'est ça le partage équitable des bonnes choses.

En sortant des douches, s'il y avait bien une chose que je pouvais faire sans avoir recours à ma jambe, c'était le sniper du toit. Suffisait de s'allonger et déplacer l'arme dans les alentours. Je me suis donc dirigé vers l'échelle et suis monté sur le toit de la station. J'ai prit l'arme en main, et j'étais là, à attendre. Une nouvelle cible, un rôdeur, ou peut-être un animal qui sait ? Y'a parfois des biches le matin, et vu que plus aucun véhicule ne passait par là depuis un bon bout de temps mis à part le notre. Elles sortaient bien plus facilement. C'est là que j'ai compris que ce que j'avais dis à Lou était totalement faux. Elle ne vivait pas comme une sauvage. Depuis l'infection.. Faut avouer que nous vivons TOUS, comme des sauvages.. Pour survivre, c'est le principe, même si en nous même, nous essayons de garder une petite part d'humanité..